Extrait de l’ouvrage de Jean-Pierre Dolet » Interactions physiologiques en biomécanique crânienne » disponible ici.
Modification des termes ostéopathiques classiques
Les termes ostéopathiques utilisés classiquement pour décrire le mouvement ou la position d’un os donné lors de l’une ou l’autre des phases du mouvement crânien, se résument au nombre de quatre.
- Flexion/extension
- Rotation externe/rotation interne
Est ainsi définie une phase de flexion crânienne générale durant laquelle les os de la ligne centrale, occiput, sphénoïde, ethmoïde, se placent effectivement en « flexion » et les os de la périphérie, temporal, malaire, maxillaire, etc… se placent simultanément en « rotation externe ». L’inverse se produit ensuite lors de la phase « d’extension-rotation interne ».
Si l’on choisit effectivement d’adopter ce système, force est de constater que la « flexion » de l’occipital amène ce dernier à diriger sa partie antérieure vers le haut, cependant que dans le même temps la » flexion » du sphénoïde amène celui-ci à diriger sa partie antérieure vers le bas…
De la même manière, la « rotation externe » de l’occipital amène ce dernier à écarter la partie antérieure de son écaille par rapport au plan sagittal. Dans le même temps, la « rotation externe » du temporal amène au contraire celui-ci à rapprocher sa partie antérieure de sa propre écaille de ce même plan…
Enfin, lors d’une même phase de « flexion-rotation externe » le temporal s’incline sur sa face externe, alors que le maxillaire, ou encore le frontal, le font sur leur face interne.


Dans le cadre de mon ouvrage et dans un souci de haute précision, j’ai modifié radicalement cette terminologie habituelle qui pourrait facilement prêter à confusion. En lieu et place, j’ai choisi d’utiliser les termes suivants qui demeurent à mon sens beaucoup plus adaptés à la description de la biomécanique osseuse crânio-faciale.
Lorsqu’un os monte en avant et descend en arrière, il convient de parler de rotation postérieure. En effet, en imaginant qu’il s’agisse d’un cercle ou, encore mieux, d’une sphère, le mouvement poursuivi amènerait tout naturellement la structure correspondante à rouler vers l’arrière.
Pour les mêmes raisons, lorsqu’un os descend en avant et monte en arrière, il convient de parler de rotation antérieure.
Lorsqu’un os écarte sa partie antérieure du plan sagittal et tend à rentrer sa partie postérieure, il convient de parler de rotation externe. Là encore, en imaginant une sphère qui poursuive cette même dynamique, celle-ci amènerait la structure correspondante à se diriger vers le dehors.
Pour les mêmes raisons, lorsqu’un os rapproche sa partie antérieure du plan sagittal et écarte sa partie postérieure, il convient de parler de rotation interne.
Enfin, lorsqu’un os s’incline sur sa face externe, il convient de parler de supination. Je fais ici référence à la position neutre d’un avant-bras, coude fléchi à angle droit et dont la main correspondante réalise ce même geste. Dans le cas contraire, il devient alors tout naturel de parler de pronation.



Mouvements globaux et relatifs
Dans ce cadre général de définition des mouvements, un second aspect se doit d’être impérativement pris en compte. Il s’agit en effet de toujours définir position et déplacement d’un os, ou de telle partie d’un os, en fonction d’un référentiel précis.
Ce qui signifie.
Qu’une structure donnée peut se déplacer selon un vecteur spatial, dit encore global ou général, inscrit dans les trois plans de l’espace et ceci en référence à ses propres coordonnées de départ par rapport à un référentiel fixe.
Que cette même structure peut, simultanément ou non, déplacer une partie d’elle-même selon un vecteur relatif, inscrit également dans les trois plans de l’espace et en référence cette fois à une autre partie de la même structure ou encore à celle d’une structure voisine.

Déplacements spatiaux et relatifs
En haut la structure se déplace spatialement vers l’avant et le bas. Au centre la structure se déplace spatialement vers l’avant et le bas mais sa partie postérieure monte relativement. En bas les deux structures se déplacent spatialement vers l’avant et le bas. La seconde (à droite) avance davantage que la première mais descend moins
Au total la seconde monte relativement par rapport à la première et la première recule relativement par rapport à la seconde.
Ainsi et par exemple, un os peut descendre d’une manière générale sur le plan spatial, mais monter relativement sa partie postérieure par rapport à sa partie antérieure. Ou encore, deux os peuvent simultanément descendre d’une manière spatiale et générale, mais si l’un descend moins que l’autre on peut énoncer qu’il monte relativement par rapport à ce référentiel particulier.
Toute la biomécanique crânienne et par extension toute la biomécanique générale, ne peuvent être pleinement comprises que par la prise en compte indissociable de ce principe. Celui-ci, outre mon livre de biomécanique crânienne, se trouve largement développé et illustré en ce qui concerne la biomécanique générale dans mes deux premiers ouvrages de la collection consacrée à la biomécanique synthétique « Principes fondamentaux » et « L’organisation thoraco-lombo-pelvienne ».
L’enseignement novateur de la biomécanique basé sur l’utilisation de l’ensemble de ces termes originaux est dispensé dans le cadre des cours « comprendre et corriger« proposés sur ce site.